Le système éducatif finlandais est-il réellement l’une des meilleures méthodes d’enseignement au monde?
Depuis plusieurs années, l’école finlandaise est considérée comme un modèle égalitaire et d’intégration ainsi qu’au niveau de l’efficacité.
Les enquêtes menées par l’OCDE par son étude PISA menée chaque année a propulsé la Finlande au rang de superstar des écoles en 2006 avec notamment une première place en mathématiques et en sciences.
Ce tableau montre d’une part que la Finlande possède le plus haut score, mais que les résultats chez les garçons et chez les filles sont pratiquement identiques, ce qui est le plus souvent rarissime dans les autres pays.
D’où peut bienvenir cette réussite insolente ?
Les élèves finlandais étudient moins de 6000 heures par année ce qui est moins que la moyenne de la plupart des pays d’Europe qui se situe autour de 8000. La journée d’un étudiant finlandais se situe autour de 13h pour 15h voire 16h dans d’autres pays d’Europe. Les Finlandais n’ont également pour ainsi dire pas de devoirs à faire à la maison.
La différence ne situe donc pas au niveau du nombre d’heures qui est moindre par rapport aux autres.
Le budget dévolu à l’éducation compte pour environ 6% du PIB (produit intérieur brut) du pays , ce qui situe la Finlande dans la moyenne des autres pays européens.
Les raisons sont donc à chercher ailleurs.
Quels sont les principaux atouts du système éducatif finlandais ?
- Le finnois est une langue qui s’apprend très vite car elle s’écrit comme elle se prononce. On dit aussi du finnois qu’elle est une langue transparente, car elle est sans ambiguïté et donc facile à comprendre. Tous ces éléments représentent un gain de temps considérable dans cette matière contrairement à l’apprentissage de langues comme le français qui peut s’apparenter à un énorme chemin de croix.
- L’école finlandaise ne pratique pas le redoublement sauf en de très rares occasions. On estime que chaque enseignant est capable de déceler les difficultés des élèves et de pouvoir proposer une solution adaptée pour lui faire rattraper son retard. Il existe aussi un grand nombre d’enseignants spécialisés qui apportent leur collaboration dans les écoles. Lorsqu’un élève rencontre des difficultés, l’école lui propose un suivi personnalisé, parfois individuel pour lui permettre de ne pas être en décrochage scolaire. Les enseignants resteront volontiers après les cours ou viendront plus tôt pour soutenir leurs élèves.
- La responsabilisation des enfants est un des fondements de l’éducations finlandaise. Dès leur plus jeune âge, les enfants se voient confier des devoirs et des responsabilités. Les enfants ont également la possibilité des réparer leurs erreurs via un système établi. Le programme éducatif dans les crèches est aussi très complet et elles sont également complètement subventionnées par l’Etat. Les avantages de cette éducation fait que les Finlandais sont plutôt calmes et sont très autonomes. Les enseignants n’ont donc que très rarement besoin de faire face à des soucis de discipline, ce qui est un gain de temps énorme.
- Les enseignants sont très compétents, seuls les meilleurs étudiants peuvent réussir un concours d’entrée qui va leur ouvrir les portes d’une formation pédagogique. Chez les Finlandais, l’enseignement n’est ni un moyen d’avoir plus de vacances ni une solution choisie par défaut mais bel et bien une vocation. La formation pédagogique dure cinq ans durant laquelle les enseignants seront préparés et sensibilisés à la réalité pratique du métier d’enseignant. En Finlande, être enseignant est une profession très respectable, ce qui est loin d’être le cas en France ou en Suisse par exemple. Les enseignants sont également bien rémunérés.
- Toutes les 45 minutes, les élèves ont 15 minutes de pause afin de garantir de leur part un maximum d’attention.
Alors que la logique voudrait que pour pouvoir obtenir de meilleurs résultats scolaires, il faille travailler plus dur, la Finlande a pris totalement le contre pied.
Les enfants en Finlande
En Finlande l’enfant est d’abord un enfant avant d’être un étudiant. Il a le droit de vivre son enfance et donc de s’amuser, c’est en partie pour cela que l’école et le peu de devoir lui permette de s’épanouir librement.
Un enfant est dès sa naissance en Finlande identifié administrativement comme une personne indépendante de ses parents. On suppose que cela renforce également son estime de soi et son autonomie. Si d’aventure, un étudiant devait faire une demande de bourse, celle-ci lui serait accordée indépendamment de la situation financière des parents, l’étudiant étant considéré comme un adulte avec sa propre fortune.
Il y a un lien de confiance réciproque qui se forme avec les parents, car les enfants sont responsabilisés dès leur plus jeune âge aux conséquences de leurs actes.
Les finlandais ont mis en place un système de réparation des erreurs pour que les enfants puissent se rattraper. Il ne s’agit pas de minimiser les fautes des enfants mais juste d’éviter le système de la punition qui est une décision unilatérale de soumission à l’autorité. Bien loin de moi l’idée de sombrer dans l’angélisme, car de telles pratiques ne peuvent s’inscrire que dans une culture qui s’y prête et se doit d’être pratiquée par les parents à la maison et par les enseignants à l’école.
Les finlandais bénéficient de 9 mois de congé maternité payés, ce qui est sensiblement plus que dans les autres pays d’Europe hormis la Suède (12 mois).
Les places dans les crèches sont très accessibles si les deux parents travaillent avec un maximum de 15 jours d’attente alors que cela peut aller sur plusieurs années dans d’autres pays européens.
Tout est donc mis en place dès la naissance pour qu’une relation harmonieuse puisse se faire entre parents et enfants.
Le système éducatif en Finlande



Photo: Riku Isohella /Velhot Photography Oy
Tout d’abord, tous les élèves suivent un tronc commun de 7 à 16 ans. Il n’existe pas de sélection précoce comme en Allemagne, Suisse ou aux Pays-Bas et surtout il n’existe pas de redoublement.
Alors que dans la plupart des pays, le redoublement est considéré comme le seul moyen d’ajustement si un élève n’atteint pas les objectifs, en Finlande il existe un système de tutorat qui va permettre aux élèves en difficulté de reprendre le bon rythme.
Il existe un certain nombre de tuteurs par établissement déchargés à 100% pour s’occuper des élèves en difficulté. Il est hors de question qu’un élève soit laissé de côté et tout est mis en place pour que tous les élèves passent le bac environ 99% de réussite.
Les écoles en Finlande sont bilingues (finnois, suédois) même s’il existe des écoles suédoises.
Les écoles sont gratuites comme dans la plupart des autres pays, en revanche les transports et les fournitures scolaires le sont également.
Comme l’Etat souhaite une politique de proximité, il n’existe pas de très grands établissements, généralement ils ne dépassent pas 500 élèves, ce qui permet au directeur de connaître tous les enfants. Cette politique évite également aux enfants d’interminables trajets en bus pour se rendre à l’école.
L’école est considérée en Finlande comme un véritable ascenseur social et les milieux socio-économiques des parents n’ont pas d’influence sur la réussite des élèves pour la bonne et simple raison que l’école prend tout en charge. Il n’y a pas lieu d’engager un répétiteur à la maison car l’école aura déjà mis un tuteur à disposition pour les besoins de l’enfants.
Il n’y a aucune discrimination de sexes en Finlande et garçons comme filles sont encouragés à s’intéresser à tous les types de métiers.
Pour une super école, il faut de supers enseignants ?
C’est presque cela, les enseignants doivent suivre une formation de 5 ans à l’université et une 6e année de stage dans une classe d’application.
Le métier d’enseignant jouit d’un grand prestige et le nombre de candidats dépasse largement le nombre de poste disponibles. Il s’agit là d’un luxe que l’Etat finlandais peut se vanter d’avoir car plusieurs pays d’Europe font face à une pénurie d’enseignants.
Une sélection drastique dès la fin des études ainsi qu’une formation très exigeante suffit en général à décourager les personnes qui ne sont pas sûres de leur choix où qu’ils l’ont fait pour de mauvaises raisons.
La rémunération des enseignants est plutôt bonne car elle correspond à celle d’un universitaire de niveau supérieur.
La collaboration entre les enseignants et les parents ainsi qu’une confiance réciproque importante a permis de mettre en place ce système. Les rôles sont bien définis et les deux côtés n’essaient pas de se substituer à l’autre.
Les enseignants sont considérés comme des membres de la famille à part entière et jouissent d’une considération importante.
Ce monde a-t-il toujours été aussi merveilleux ?
En 1917, la Finlande déclare son indépendance, mais les 600 ans passés sous le contrôle soviétique avaient laissé quelques traces.
Et c’est en 1963 que le parlement pris la décision de miser sur l’éducation pour un renouveau économique. A l’époque ou la plupart des pays aurait misé sur le budget militaire, il s’agissait d’une décision surprenante.
Il a donc fallu près de 40 ans pour pouvoir profiter des bénéfices de cet investissement, il a donc fallu une certaine prise de risque et une persévérance de tous les instants.
Faut-il en conclure qu’il faut utiliser le modèle finlandais dans tous les pays du monde ?
Là encore il y a un pas que l’on ne saurait franchir. En revanche, personne ne pourra m’enlever l’idée que cette vision de l’école est rafraichissante, novatrice et qu’il existe un certain nombre de bonnes idées qui pourraient servir.
Pourtant depuis 2013 la Finlande ne se classe que très rarement dans les dix premiers des études PISA.
Doit-on en conclure que le système est devenu obsolète ?
Personne n’ira jusque-là, mais le succès Hollywoodien de l’école finlandaise lui a peut-être mis une pression qui n’est pas des plus judicieuses. Eux qui avaient milités durant de nombreuses années pour que les notes n’apparaissent que le plus tard possible dans le cursus scolaire sont-ils devenus les esclaves de leur succès ?
Le plus grand souci, c’est qu’une fois tout en haut de l’échelle, les gens s’attendent à ce que l’on fasse au minimum aussi bien que l’année précédente.
Depuis quelques années quelques témoignages pour le moins surprenants ont été collectés de la part d’enseignants finlandais. Ils prétendent que le système a montré ses limites et ne s’est pas suffisamment adapté aux nouvelles réalités.
Ils prétendent même qu’ils sont devenus les esclaves des statistiques PISA et n’orientent que leurs enseignements pour pouvoir satisfaire à leurs nombreux critères.
Il ressort également que le côté idyllique a été sensiblement exagéré et que les statistiques montrent également que les élèves ne sont pas si heureux que cela d’être à l’école. Pire encore, il semblerait que le taux de suicide soit supérieur à la moyenne européenne même s’il serait un peu extrême de blâmer seulement l’école pour cela.
D’autres personnes ont un discours un peu plus modéré et constatent juste que le classement Pisa de ces dernières années ne compte que rarement la Finlande dans les 10 premiers.
Un des principaux facteurs mis en avant pour leur réussite est le très faible taux d’immigration durant « les années de gloire ». Loin de moi l’idée de sombrer dans un discours populiste et réducteur en prétendant que les élèves issus de l’immigration sont moins intelligents, mais il reste un certain nombre d’évidences pour le moins inéluctables :
Un élève qui doit d’abord se concentrer sur la maîtrise d’une nouvelle langue en plus de son cursus ne pourra pas avoir le même temps à disposition que les autres pour acquérir les autres compétences.
La plupart des enseignants s’accordent à dire qu’une classe homogène progresse plus vite. Il est beaucoup plus difficile pour un groupe classe de se façonner une cohésion ou une identité lorsqu’il y a 5 ou 6 cultures radicalement différentes. Le contact privilégié que les enseignants peuvent avoir avec les parents va se heurter à la barrière de la langue également, ce qui va considérablement compliquer les interactions.
Pour conclure, peut-être a-t-on trop vite porté aux nues un système qui fonctionnait pourtant très bien mais qui avait très certainement son lot de défauts. Après tout, quel système est-il vraiment parfait ?
Il n’en reste pas moins qu’un système éducatif ne peut fonctionner que s’il est en perpétuelle adaptation et qu’il n’a pas peur de faire face à la nouveauté.
Ce qui a pu fonctionner en Finlande ne va pas pour autant fonctionner en Suisse ou en France. Il faut être prêt à avoir le recul nécessaire pour prendre de bonnes décisions pour que nos enfants puissent avoir les meilleures chances à leur sortie de l’école.
Et vous? Quelle est votre vision pour l’école? Que sera-t-elle dans 20 ans? Donnez-nous votre avis en laissant un commentaire ci-dessous.